Jour 1

Départ de la maison le mercredi à 12h

Arrivé au pied de la rando à 13h: ici commence notre périple. Une longue marche de 4km avec un sacré dénivelé positif de 1200 mètres à gravir avec les sacs à dos. Je suis dans le mal, le cardio commence à sacrement forcer, pendant ce temps, Élise se balade. Le soleil tape fort et j’utilise chaque cours d’eau que nous croisons pour me refroidir et remplir ma casquette.

A 14h30, au bout d’1h30 de marche nous apercevons enfin pour la première fois cette magnifique aiguille, La Dibona. Cette vue signe aussi le début de notre pause repas. Comme à mon habitude je n’avais pas pris suffisamment à manger (Elise m’avait pourtant prévenu), heureusement, nous avions rajouté un saucissons dans le sac.

Une petite demie heure plus tard (15h) nous repartons sur ce chemin qui ne semble jamais finir. Je suis en souffrance mais nous continuons d’avancer.

16h30, arrivée au refuge: libération! Nous allons pouvoir nous reposer un peu et prévoir la suite autour d’une limonade et d’une part de gâteau. Nous allons ensuite faire un tour dans notre dortoir histoire de réserver 2 lits.

Vers 18h nous montons repérer le pied de la voie, à la recherche de l’itinéraire et de nos premiers points. Le paysage qui s’offre à nous est à couper le souffle. Quelques prises de photos plus tard, direction le refuge. 19h30: salade de riz, avec ou sans sauce au menu.

20h: préparation du sac pour le lendemain puis direction le dortoir, une longue journée nous attend demain.

Jour 2

Réveil 6h15, nous avions prévu un départ au pied de la voie à 7h, “laaaaarge” disions-nous. Cela était sans compter sur le temps de ranger nos affaires, de grignoter un morceau et de monter au pied de la voie. La veille nous avions mis 15 minutes mais de bon matin, à froid, il nous aura fallu plus de 30 minutes.

L1 5C 7h45 “Il était une voie”
Nous démarrons enfin notre périple pour de vrai. C’est parti pour une première longueur sympathique pour se chauffer tranquillement. J’arrive à R1 à 8h, départ d’Élise. 8h10 première photo rituel au relais, rituel qui sera rapidement abandonné par la suite.

L2 6A+ 8h25 “La dalleuse”
Plus pechu, petit passage de toit un peu compliqué, mais ça passe. La partie la plus compliquée est la recherche de points, ce qui ne va pas aller en s’améliorant d’ailleurs.

L3 6A+ 9h10 “Les trois petits toits”
Une longueur avec 3 petits toits qui s’enchaînent et tirent un peu dans les bras.

L4 5A (ressenti 4 sans point) 10h “GPS”
Élise part en tête pour sa première longueur sensée être très facile. 5a? Il se trouve que c’est même du 4, seul petit détail, il n’y a qu’un seul point au début et pour toute la longueur. Elle suit l’itinéraire qui semble être dessiné sur le topo et arrive à un relais qui est le bon selon moi, nos opinions divergent. C’est ici que nos galères commencent, mais à ce moment-là nous ne le savons pas encore.

L5 5B 10h50 “L’écaille dans le gaz”
Une magnifique longueur sur une écaille avec plusieurs changements de face. Une très belle escalade avec une vrai sensation de vide très agréable. Arrivé en haut de cette longueur, qui fini sur piton (étrange, il était pourtant indiqué que nous étions uniquement sur plaquette inox), 3 options s’offrent à moi: un relais à ma hauteur non relié, 2 relais à 6 et 8 mètres côte à côte. Un appel au talki me révélera qu’il ne me reste que 2 mètres de corde, je m’arrête donc au premier.

Arrivé à R5 le timing est bon, ce qui nous permet de nous accorder une petite pause pour récupérer un peu, profiter de la vue et réfléchir à notre itinéraire. Selon la lecture de nos topos, notre voie est censé partir sur la droite.

L6 6B 12h15 “La canule sans point”
Une longueur assez physique et techniques, qui commence avec 3 points puis un relais, que je ne prends pas, suivi de 2 points, dont le dernier avec un maillon rapide, puis…. Plus rien, plus rien sur 20 mètres dans une cotation ressenti 6b, je ne fais pas le fier mais pas le choix il faut avancer, de toutes manières je ne plus faire demi-tour. Miracle! Je vois une petite lunule, une sangle et c’est reparti pour 8 mètres toujours aussi dur avant d’atteindre le relais qu’Elise voyait, me voilà sauvé. Vous vous souvenez de mon choix, savoir si je partais à gauche ou à droite, et bien les 2 lignes arrivaient en fait sur le même relais, mais la ligne de gauche avait des points, elle. L’histoire nous racontera plus tard que nous étions effectivement dans du 6b où coinceurs et friends sont indiqués comme indispensables.

L7 5A 13h30 “Initiation au TRAD”
Ça y est le rituel des photos est terminé. Il commence à faire gris mais la pluie n’est pas prévue avant 20h “laaaarge”. Je m’engage dans une longueur assez simple mais très pauvre en points. Compte tenu de ce que j’ai fait avant, je ne me pose pas plus de question et avance vers le relais que j’ai repéré. La fin de la longueur est vraiment simple, du 4 tout au plus, je pose quand même une petite sangle autour d’un rocher et arrive au relais, Élise arrive à son tour mais pour elle, la longueur était plutôt du 5. Ca y est nous sommes clairement en retard sur notre planning, sans vraiment comprendre pourquoi.

L8 6A 14h15 “La dalle de l’enfer”
Le premier mouve annonce tout de suite la couleur, un passage hyper compliqué avant même le premier point qui continue comme ça sur les 4 suivants. Une fois ce passage terminé, j’arrive sur une dalle de l’enfer, je réussi à en faire la moitié avant de réaliser que la suite ne passera jamais. Je décide donc de tirer sur la droite, légèrement plus facile, quitte à m’éloigner des points, vu ce que j’ai déjà fait avant… Je vois enfin le relais:

  • Moi: “Elise je vois le relais” (voie hyper enjouée)
  • Elise: “Cool, il te reste 2 mètres de corde” (en mode hyper sereine)
  • Moi: “Ah… Alors le relais lui est à 10 mètres” (Là c’est la merde)

Mon dernier point est 7 mètres plus bas, impossible de redescendre. J’ai un point à 3 mètres sur ma gauche, en plein milieu de cette dalle de l’enfer, impossible d’y aller. Après quelques minutes de réflexion, je sors de cette dalle et me retrouve sur un partie légèrement plus simple. Elise part en corde tendue dans la longueur en 6a qui démarre par des mouves dans lesquels j’étais en grande difficulté (allé courage Elise). A force de mental et de persévérance nous grimpons en corde tendue pendant 8 mètres pour que je puisse atteindre le relais. Nous voilà libérés. Bien sûr c’était sans compter sur la pluie qui pointa le bout de son nez, avec 8 heures d’avance et forcément, elle était accompagnée de son ami l’orage qui s’est invité sans prévenir… Élise me rejoint au relais avec beaucoup de jurons au programme. Nous voilà à la fin (théorique) de notre grand voie.

L9 4+ 15h30 “Mais par où passer ?”
Au gauche: le vide à en faire peur suivi d’un toit mais avec des points, à droite quelque chose qui semble plus accessible… mais sans points ! Allé, au point où on en est et vue la fatigue accumulée, on part sur la version sans point. La plus grosse difficulté est la pluie. Je fini par trouver des points un peu plus loin, puis une belle dent avec des jolis points et un relais tout en haut.

L10 4 16h15 “Le début de la fin”
Elise part en tête (youhou pour la seconde fois), ne s’arrête pas au relais et arrive au sommet à 16h30. Malgré la pluie, nous prenons 30 secondes pour immortaliser ce moment… Nous sommes en haut ! Pas le temps de traîner plus que ça, elle se dirige vers le relais de descente. A mon tour, petit passage par le sommet et je la rejoins.

Nous au sommet

Descente !

On se prépare pour 2 petits rappels de 25 mètres, malgré le froid, le stress, et la précipitation, on essaye de garder notre calme pour ne pas faire d’erreur, une grande voie n’est terminée qu’une fois rentré ! Quand soudain, Élise enlève son casque (un peu de en stress il faut le dire) en étant persuadée qu’une araignée y a trouvé refuge. Après un examen approfondi: rien. Non non, elle n‘est pas folle, c’est l’électricité statique entre sa tête et son casque qui lui envoie des décharges électriques. Nous sommes donc en pleins dans l’orage. Allé, on se concentre, on enlève les chaussons et on continue la descente en basket. La corde est tellement trempée que le machard sert également à l’essorer.

Un fois ces 2 rappels terminés nous arrivons sur un chemin, enfin un chemin… Plutôt un passage en mode alpinisme, sans point, dangereux et complètement trempé. Élise passe devant, nous encorde et nous fait avancer tout en bloquant la corde par endroit: en cas de chute au moins on sera pendu de chaque côté du rocher. 30 mètres: 30 minutes.

Nous voilà arrivés sur un replat type pierrier à chercher notre chemin quand soudain (”attention nouvelle règle”) dites bonjour à notre nouveau compagnon de route: le brouillard ! Nous sommes censés suivre des cairns pour trouver le chemin mais la visibilité ne nous permet pas de les situer. Nous décidons de partir sur la gauche en longeant légèrement la montagne, nous arrivons sur un chemin, enfin, chemin est un bien grand mot, c’est plutôt de la désescalade en TRAD. Après 1h de progression, nous voyons une cordelette avec un maillon rapide posé sur une grosse pierre. Bonne nouvelle nous ne sommes pas les seuls à avoir fait ce choix… Nous tirons un premier rappel de 25 mètres: trop court, on ajoute la deuxième corde pour en faire un de 50. Nous arrivons enfin sur un terrain “praticable”. Au loin Elise repère un cairn: Victoire ! Et même des gens… Sur un chemin ! Bref, On a mis 2h pour faire ce qui prend normalement 30 minutes en marchant si l’on suit le chemin de randonnée.

19h10 arrivé au refuge ! 20 minutes plus tard le gardien aurait appelé l’hélicoptère (oups). Coup de téléphone pour prévenir du retard, on pack les sacs et décollage.

19h20 départ du refuge, toujours sous la pluie et dans le brouillard j’ai jamais été aussi vite en rando. Quasiment pas de pause, le corps était à bout mais il ne fallait pas s’arrêter, on n’aurait jamais réussi à repartir !

21h arrivée à la voiture ! 30 minutes de route et nous voilà rentrés à la maison, c’est une fin de périple. Nous sommes exténués mais heureux !

Debrief

Après une bonne nuit de sommeil, une question nous taraude, mais on a grimpé quelle voie bordel ?!
On a passé plusieurs heures à étudier le topo, et vraiment on ne comprend pas. Grâce à une amie d’Elise ayant grimpé VO quelques jours plus tôt, nous comprenons que la dernière 6a appartenait à visite. Par déduction il s’avère que nous avons fait:
De L1 à R4 : Éthique de la joie
L5 à L6 : Sept d’un coup (avec un joli 6b sans point dans laquelle des coinceurs sont fortement recommandés)
L7: Vire Boell
L8: Visite obligatoire (la dalle de l’enfer)
L9 et L10: Vire Boell

Voilà, on s’est perdu dans la Dibona mais on l’a faite et on en est fier.